En donnant sa préférence au Bayern Munich plutôt que Barcelone en juin 2023, Sadio Mané retrouve une place forte du football européen, qui a toujours cultivé l’esprit de famille, gage de ses nombreux succès sur la scène nationale et européenne.

Le Bayern Munich est un géant d’Europe, un mammouth du football allemand qui plastronne aujourd’hui à la tête de l’indice Uefa des clubs en 2022. Trente-deux titres (32) de champions de Bundesliga dont dix consécutifs, 20 coupes d’Allemagne, six fois vainqueur de la Ligue des champions, une coupe des vainqueurs de coupes (1967) et une coupe de l’Uefa devenue Europa League (1996), vous l’aurez compris, le palmarès du Rekordmeister est tout aussi long que l’Everest.

Mané devrait rejoindre cador européen, un modèle économique, pour signer le plus gros et sûrement dernier contrat de sa carrière de footballeur à 30 ans.

Un club familial

Et comme Philippe Coutinho ancien de Liverpool, Mané découvrira une autre facette de Munich : l’esprit familial du club. « Le Bayern est plus familial que mes anciens clubs. Je connais celui de Liverpool mais celui-ci est plus familial » avait expliqué le Brésilien lors de son passage en 2020, couronné par un fameux triplé sous les ordres de Hansi Flick notamment marqué par le cinglant 8-2 contre Barcelone en quart de finale.

La reconnaissance, Sadio Mané en a parfois souffert, surtout avec un Jürgen Klopp qui s’est souvent montré avare en compliments envers l’idole du peuple sénégalais. « Oh oui oui (il est dans la course), j’avais complètement oublié qu’il faisait partie de cette course », déclarait-il à quelques jours de la finale contre le Real Madrid.

En sortant cette déclaration aussi maladroite que malvenue, Klopp a mis hors course son meilleur joueur de la saison, dans sa quête d’un deuxième ballon d’or.

Visage parfois fermé, des célébrations sans grande effusion de joie en fin de saison, l’enfant de Bambaly laissait paraître sa situation, pourtant classé quatrième du ballon d’or en 2019 .

Au Bayern, Mané sera la recrue phare dans une attaque ou il est appelé à remplacer le serial Robert Lewandowski, en instance de départ à Barcelone.

Heureusement. Le Bayern s’occupe bien de ses joueurs sur et en dehors des terrains. « Je pense que je gère mon club comme une famille. Je traite les joueurs et les employés comme s’ils étaient de ma famille » déclarait Uli Hoeness, président du Bayern.

Les anciens à tous les postes

Quand les joueurs sont au meilleur de leur forme, tout le monde les couvre de louanges, mais dans les moments difficiles, ils sont bien souvent laissés à eux-mêmes, sauf au Bayern: « Quand votre joueur marque 5 buts et que tout le monde lui dit: ‘super, bravo’, il n’y a pas besoin d’être là. Mais quand il se fait opérer des ligaments à l’hôpital, il n’y a personne et là vous devez être le premier ! » ajoutait Hoeness.

Le Bayern, c’est une famille, un contrat social à laquelle les joueurs adhèrent en signant au club. Les Munichois s’efforcent de recruter à long terme, et choisissent ses talents sur la capacité à s’intégrer dans la « famille » bavaroise. Müller, Lewandowski, Boateng, Neuer sont des piliers, qui s’identifient totalement au club depuis des années, comme l’étaient Robben et Ribéry avant eux.

La nouvelle génération des Sané, Coman, Pavard, Gnabry, Musiala, n’a pas non plus vocation à être revendue pour faire des plus-values. L’idée est de créer un noyau dur de cadres prêts à incarner l’esprit maison et à faire toute leur carrière en Bavière.

Dans le management au sommet, les anciens du club sont promus à tous les postes. Le Bayern appartient à ses supporters et compte plusieurs partenaires solides. Le club fonctionne comme une entreprise familiale, en ne recrutant comme dirigeants presque que des anciens joueurs du club.

Hoeness, triple vainqueur de la C1 dans les années 1970, est resté 40 ans aux manettes. Rummenigge, autre idole du club des années 1970-80 aujourd’hui président du directoire, est dans les instances dirigeantes depuis 1991. Son successeur désigné est Oliver Kahn, le légendaire gardien de but. Sans parler du directeur sportif Hasan Salihamidzic, également ancien joueur.

Seule entorse à la règle, l’homme qui a succédé à Hoeness à la présidence, Herbert Hainer, n’est pas une vieille gloire du club mais l’ancien patron d’Adidas. En effet, il fait aussi un peu partie de la famille: après avoir échoué à devenir footballeur professionnel, il a passé sa vie dans le monde du sport et chez Adidas, l’un des sponsors principaux du club. A ce titre, il a longtemps siégé dans les instances dirigeantes du Bayern avant d’être élu président.

Voilà qui s’est emparé des service de Sadio Mané pour trois ans. Le Lion devrait continuer de rugir sur les vertes pelouses de la Bundesliga, pour continuer d’écrire son histoire et surtout retrouver un sourire perdu dans la grisaille d’Anfield cette saison.

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